Abstract:
Face à une certaine perception de la défaillance de l’État dans le domaine de la
sécurité, des initiatives communautaires ont favorisé la résurgence de pratiques locales
de défense et de sécurisation des territoires. Les groupes de vigilantisme émergent dans
ce contexte avec des modes opératoires souvent décriés. La particularité de leurs actions,
ne respectant pas souvent les droits humains, avait limité leurs rapports officiels avec
les forces de défense et de sécurité (FDS). La réticence des responsables de ces groupes à
accepter certaines dispositions des textes réglementaires de l’État a amené les FDS à
restreindre la collaboration avec eux.
Cependant, la montée des attaques qualifiées officiellement de « terroristes » pose
une nouvelle menace sur la sécurité humaine, et va contribuer à reconfigurer leur
relation. La recherche présentée ici vise à saisir cette dynamique socio-sécuritaire à
travers l’émergence des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) à partir de
2020 au Burkina Faso, qui semblait a priori résoudre la question des opérations de
sécurisation des groupes d’auto-défense, et qui, a plutôt conduit au rapprochement entre
ces groupes et les FDS.
Une approche anthropologique a été utilisée dans ce travail afin de saisir les
représentations et pratiques des acteurs autour de leur collaboration. Des entretiens
semi-directs ont notamment été réalisés à cet effet auprès des acteurs de la sécurité
(police, gendarmerie et armée) et les dozos, les volontaires pour la défense de la patrie
et les koglweogo. L’article conclue que, loin de résoudre la question du monopole
légitime de l’État sur la violence, les mesures de collaboration entre citoyens et FDS
dans un contexte de « menace terroriste » la posent plus que jamais